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mardi 4 décembre 2007

Épître à Hugo Chavez


Celui qui se voyait déjà Roi de l’État
A mordu la poussière et perdu le débat.
Tyran impétueux affamé de combats
Troquant l’habit kaki pour un tutu de soie,
Se résignant ainsi à plier devant ceux
Qu’il voulait justement ne contrôler que mieux.
Votre règne aura eu quelque chose de beau
Quand, souriant, on lira sur votre tombeau :
« Il pensait posséder le Venezuela
Mais tyroniquement, il n’y arriva pas »


Baron de Moulintombant

dimanche 18 novembre 2007

Addendum à la Lettre aux candidats à la mairie de Québec

Chers lecteurs,

On m'a fait remarquer -à fort bon escient- que, dans ma précédente lettre, je semble suggérer de ne point voter et que je ne propose aucune solution alternative pour les bons citoyens désireux que combattre le plébéisme politique.

Qu'à cela ne tienne, voici ma réponse. Une image vaut mille mots.

Extravagantes salutations

Baron de Moulintombant


mercredi 14 novembre 2007

Lettre aux multiples candidates et candidats à la Mairie de Québec sur l'ascension inquiétante du plébéisme au Québec

Chères coiffeuses, propriétaires de casse-croûtes et autres candidats à la Mairie de Québec,

C'est avec un sourire de désespoir que je regardais, il y a peu, un modeste reportage sur la pluralité des aspirants au trône de Madame la Mairesse Boucher, partie malheureusement avant d'avoir fait trop de mal, en un majestueux coup de théâtre dont elle seule connaissait le secret, laissant la population de Québec dans un égarement politique pitoyable.

Si je me permets de vous écrire à ce sujet aujourd'hui, c'est que la vie municipale de Québec me touche, étant originaire de la Vieille Capitale (vous l'aurez deviné par l'arrogance pompeuse du personnage). Exilé depuis de nombreuses années, je n'en suis pas moins indifférent face aux déboires politiques des habitants de ce qu'on nommait autrefois l'Abitation. Ce n'est pas un hasard si je fais innocemment allusion à la réputation snobinarde des gens de Québec (réputation que je contribue d'ailleurs à entretenir), puisque c'est justement de snobisme dont je veux vous entretenir ou plutôt de la disparition malheureuse de ce phénomène dans les moeurs québécoises. Pour moi, l'affaire est d'autant plus d'actualité que j'enseigne en ce moment les péripéties du pauvre Jourdain, le bourgeois gentilhomme, snob fieffé trompé par sa propre naïveté et accablé de ridicule sous la plume de Monsieur Molière.

Mélangeant toutes ces idées dans ma tête, j'aboutis à la réflexion suivante : peut-on condamner le snob pour sa démarche en elle-même, c'est-à-dire sa volonté de s'élever socialement et intellectuellement, de se distinguer de la plèbe ignorante et méprisante ? Quel mal y a-t-il à vouloir se cultiver, se raffiner, rechercher l'élégance en toute chose ? Le problème du snob, c'est de n'y arriver qu'à moitié; c'est d'ailleurs tout le drame de Jourdain : l'étendue limitée (pour ne pas dire farfelue) de ses nouvelles connaissances ne suffit en rien à justifier son dédain de la bourgeoisie médiocre à laquelle il appartient encore, malgré lui. Or, parce que le snob, dans son orgueil et son air « supérieur », est souvent condescendant à l'égard de tout ce qu'il considère comme populaire, le peuple lui oppose un mépris qui ne devrait être dirigé que contre l'attitude mais qui, dans la foulée, englobe également la démarche.

Vous me suivez, jusque là ? Oui, je sais, Drôles de vidéos débute sous peu à TQS, ne craignez rien, je ne vous retiendrai plus très longtemps.

J'en arrive au coeur de ma réflexion : la sphère politique a toujours été une affaire de snobs. Les politiciens ont longtemps conservé leur allure de satrapes prétentieux, membres privilégiés de l'élite sociale et intellectuelle. Si leur attitude hautaine pouvait en froisser certains, on ne pouvait toutefois douter de leur aptitude à réfléchir (qu'on soit d'accord ou non avec les idées proposées) et à gouverner un État. Or, la montée de l'ADQ et la course à la Mairie de Québec, entre autres choses, témoignent d'un revirement total dans la perception du politicien au Québec. La figure du snob est définitivement destinée à la guillotine : c'est le problème des Boislcair et Dion, dont la seule faute a été d'assumer leur identité de snobs. Verdict : « ils ne passent pas », diront en choeur les plombiers de ce monde et autres analystes politiques de TVA.

Tout comme le snob, autrefois, recherchait l'élégance, l'éloquence et la culture pour être valorisé dans la société, les politiciens d'aujourd'hui font tout à fait le contraire : ce sont des intellectuels qui doivent, pour survivre, prétendre qu'ils ne le sont pas. C'est le phénomène du plébéisme (vous pardonnerez l'invention de ce mot, que je trouvais à propos par opposition au snobisme). Une élite intellectuelle qui s'abaisse socialement et intellectuellement pour être valorisée et obtenir le pouvoir.

Le problème est que, dans toute cette mascarade, il devient impossible de distinguer qui est véritablement imbécile de qui ne fait que semblant. Au moins, avec le snob, il était plus aisé de distinguer l'usurpateur : Monsieur Jourdain n'arrive à tromper personne, même pas sa paysanne de servante. Le problème du plébéisme est autrement plus inquiétant. « Moé j'vous garantis qu'on va met' de l'ord' à ville, pis on va rentrer de l'argent, pis on va couper youski faut couper » s'écrie le brillant candidat Christian Légaré, propriétaire du casse-croûte « Le coin de la Patate ». Mais entre cela et les discours sur les « vraies affaires » de Mario Dumont, quelle différence ? Même Madame Marois n'y échappe pas : sa réputation est compromise pour la simple raison qu'elle est riche, et son avenir politique ne dépend que de son aptitude à faire oublier ce « défaut » inacceptable en s'inspirant du Châtelaine pour construire son programme. Pour réussir en politique québécoise aujourd'hui, il faut fournir ses lettres de plèbe, être (ou paraître) pauvre, ignorant et dépourvu d'esprit. Comment discerner l'idiot qui mènera la ville à la ruine de l'idiot qui n'est idiot que par nécessité politique ?

Mieux vaut ne prendre aucun risque, et ne voter ni pour l'un, ni pour l'autre. Sur ce, bonne course à la mairie, et que le plus imbécile gagne !

Extravagantes salutations,

Baron de Moulintombant

vendredi 9 novembre 2007

Lettre à Mario Dumont ou Pourquoi la triste histoire du chef de l'ADQ m'inspire une tragédie lyrique en cinq actes

Cher Monsieur Dumont,

Si j'ose vous écrire aujourd'hui, c'est qu'il me vient de plaisantes idées à votre sujet.

Connaissez-vous, Monsieur, le mythe de Phaëton ? Permettez-moi d'en douter : je sais que votre culture se base largement sur vos lectures du Journal de Québec, et on y parle rarement de ce genre de choses. Ainsi, pour parfaire votre modeste culture, accordez-moi ces quelques lignes qui résumeront cette histoire tout à fait merveilleuse.

Phaëton est fils d'une mortelle et d'Apollon, dieu-soleil qui éclaire le Monde. Ambitieux, il aspire à la gloire et au renom, et la modestie ne fait pas partie de ses qualités. Aussi est-il fort contrarié quand de mauvaises langues expriment leur scepticisme quant à ses origines divines. Pour leur faire voir leur impertinence, Phaëton frappe à la porte des cieux et demande à Apollon de prouver le lien qui les unit. Apollon, touché, jure de lui accorder ce qu'il désire. Phaëton, soucieux d'épater la galerie, lui demande alors le droit de conduire le char du Soleil à travers les cieux. Apollon est horrifié, car il sait que seul un dieu peut accomplir cet exploit mais, lié par sa promesse, il consent à céder les rênes du Soleil à son fils. Ce dernier, gonflé d'orgueil, commence maladroitement sa course dans le Ciel. Le Soleil, hors de contrôle, brûle tous les pays qu'il survole. Les mortels souffrant de ce désastre font monter leurs cris jusqu'aux cieux, où ils parviennent aux oreilles de Zeus le Magnanime qui, pour mettre fin à cet enfer, fait tomber la foudre sur le char de Phaëton. Le pauvre ambitieux tombe alors du ciel et périt dans la mer.

La légende varie légèrement en fonction des époques et des auteurs qui la reprennent. Lully et Quinault s'en inspirent pour créer, au XVIIe siècle, une admirable tragédie lyrique (un opéra, si vous préférez, peut-être ce mot vous dira-t-il vaguement quelque chose).

J'en arrive, Monsieur, au but de cette lettre : comme ce mythe me venait par hasard à l'esprit, j'ai songé que vous étiez, à votre façon, une sorte de Phaëton moderne. Vous proclamant fils du Peuple (dont les Lumières tardent parfois à briller, j'en conviens), vous aspirez au Pouvoir et à la Gloire. Toutefois, de mauvaises langues doutent de votre authenticité et, pour les faire taire, vous souhaitez faire vos preuves et épater la galerie. Or, il s'avère que vos gestes sont maladroits et prouvent plutôt que vous n'êtes pas à la hauteur de ce que vous prétendez être. Pour mettre fin au supplice que vous nous faites endurer depuis trop longtemps déjà, les dieux de l'Intelligence que vous offensez devront irrémédiablement provoquer votre perte.

Avant de tomber de votre char, Monsieur, gardez en mémoire ces dernières paroles de Zeus à Phaëton (dans la version de Quinault):

«Au bien de l'Univers ta perte est nécessaire;
Sers d'exemple aux audacieux :
Tombe avec ton orgueil, trébuche, téméraire,
Laisse en paix la Terre, et les Cieux »

Je vous quitte sur ces sages paroles, Monsieur, et vous assure que, après votre chute, je composerai un délicieux opéra à votre sujet, afin que l'on se souvienne pour toujours de votre triste médiocrité.

Extravagantes salutations,

Baron de Moulintombant


*Mise à jour - 12 novembre*

Suite au commentaire de Leif Thande (merci à vos yeux perçants) j'ai corrigé la coquille qui s'était sournoisement glissée dans mon texte.

mardi 6 novembre 2007

Lettre à Madame Pauline Marois ou Comment tomber dans la disgrâce auprès des gens intelligents

Madame,

Sans que vous sollicitiez mon humble avis, permettez-moi de vous servir quelques commentaires éclairés sur votre dernière lubie, celle de vouloir créer une toute nouvelle «citoyenneté québécoise».

L'avis semble unanime, dans les milieux que je fréquente, que ce projet n'est qu'un geste désespéré et fort maladroit pour récupérer quelques votes « volés » par la popularité de l'intolérance adéquiste. Cela me semble tout à fait juste et évident, aussi ne prendrai-je pas de mon précieux temps pour en discuter davantage. Ce dont je veux vous entretenir, Madame, c'est du projet en lui-même et pour lui-même, de son sens à mes yeux, de son incongruité, de sa profonde et entière idiotie.

Il vaudrait mieux, à mon avis, ne point gaspiller votre temps sur de pareilles futilités, et proposer plutôt un moyen d'améliorer l'enseignement du français (j'entends d'ailleurs parler, au moment où je rédige cette lettre, de la médiocre qualité de la langue chez les enseignants du primaire) et de la culture littéraire française que votre chère Réforme, Madame, a plongé dans l'abysse. Enfin, je m'égare, et vous promets de revenir plus tard sur ce sujet dans une autre lettre, si d'aventures vous venez à reprendre les rênes de l'État. Pour l'instant, comme disait Rabelais, revenons à nos moutons, qui ont grand besoin d'être tondus.

Madame, vouloir légiférer pour interdire à un individu ne maîtrisant pas la langue d'un pays de se présenter comme candidat lors d'une élection me semble l'idée la plus sombrement farfelue qu'il m'ait été donné d'entendre ces derniers mois. Si ce projet voyait le jour, il s'agirait sans nul doute de la consécration de l'incapacité du peuple québécois à se gouverner lui-même et, par extension, à l'impossibilité de la souveraineté du Québec. Comment peut-il en être autrement ? Comment un peuple pourrait-il se prétendre mature, apte et souverain, s'il a besoin qu'on lui dise pour qui il doit ou ne doit pas voter ? À ce compte, Madame, pourquoi ne pas imprimer des bulletins de vote déjà remplis ?

Être d'accord avec ce projet, comme citoyen, c'est proclamer l'inutilité de la démocratie prônant la liberté de voter pour l'un ou pour l'autre, selon nos principes, nos valeurs, notre bon jugement. Proposer cette loi en tant que parlementaire, Madame, annonce clairement au peuple que vous ne croyez nullement en son discernement, pensant qu'il pourrait commettre, dans son égarement, l'erreur ultime : élire un étranger, un paria même, à la tête de l'État. Si cela survenait, Madame, ne croyez-vous pas que le Québec pourrait avoir de bonnes raisons de voter ainsi ? Méprisez-vous à ce point le peuple québécois que vous jugez nécessaire de lui interdire de voter pour un candidat ne respectant pas vos critères « d'admissibilité » ? Plus encore, en admettant que le Québec puisse élire une telle personne et que ce fut une erreur, ne croyez-vous pas que ce serait la meilleure façon de ne la point reproduire, tout comme l'enfant qui, jouant trop près du four malgré les avertissements de ses parents, finit irrémédiablement par s'y brûler, mais ne s'y fera plus jamais reprendre ? La démocratie a ceci de merveilleux qu'elle peut punir le peuple pour son égarement sans pour autant le priver de la possibilité de corriger sa situation. Nous assistons à ce phénomène au niveau fédéral : il faudra un gouvernement conservateur majoritaire pour que le peuple canadien se rende compte -douloureusement, sans doute- qu'il peut être périlleux d'apposer sa croix sur un visage et non sur un programme.

Ne croyez pas, Madame, que vous êtes la seule à contribuer à cette vague infantilisante pour le Québec. Ce n'est guère une mode, en Amérique du Nord, dans nos sociétés surprotégées où la faute est toujours celle de quelqu'un d'autre. Nous vivons malheureusement dans une société tout à fait incapable d'assumer la responsabilité de ses actes. Cela est vrai autant pour l'individu québécois que pour l'entité québécoise. Que l'on se casse le cou en escaladant une montagne, ce sera invariablement la faute de l'État ayant omis d'interdire l'escalade. Que l'on se casse le cou en portant au pouvoir un(e) imbécile, ce sera invariablement la faute de l'État ayant omis de nous interdire de voter.

Sur ce, Madame, permettez-moi de prendre congé en vous assurant ceci : je méprise profondément votre démarche et la crois digne de l'esprit le plus sot. Par conséquent, je ne pourrai me résoudre à voter pour quelqu'un qui prétend vouloir me dicter quel choix est bon et quel choix est mauvais. Ce serait, Madame, le commencement de la fin de la démocratie au Québec.

Extravagantes salutations,

Votre humble détracteur, Baron de Moulintombant