jeudi 20 décembre 2007

Épître au Père Noël

Grand barbu sournois, fieffé coquin, menteur
Idole des escrocs, grand dieu des arnaqueurs;
Il ne lui suffit pas d’onze mois de vacances
Il faut qu’à l’insolence il rajoute l’offense.
C’est bien lui, je le sais, le pervers gros malin
Car même si, bien hypocritement, il lui vient
D’accuser dans la tourmente un pauvre lutin
Ses maigres excuses ne nous abusent en rien.
C’est pour bientôt, je le sens, l’eût-on jamais cru ?
Qu’il sera candidat pour la chère ADQ !

Baron de Moulintombant

dimanche 16 décembre 2007

Lettre à Monsieur Pierre Foglia sur la valse du discours écologique

Monsieur,

Vous vous amusez dans votre chronique récente « Trois minutes d’écologie » à faire un pied-de-nez aux discours écologiques actuels en affirmant –ô scandale- vous en balancer. Pendant qu’un véritable tintamarre médiatique se produit autour de Bali ces jours-ci, et alors que le Canada est vivement montré du doigt comme l’un des trois ogres de la scène internationale s’opposant à faire référence à des cibles contraignantes pour l’émission de gaz à effet de serre, je me permettrai moi aussi un soupir d’exaspération.

Je vous l’accorde : le discours écologique actuel perd le peu de rigueur qu’il avait à une vitesse folle. Alors que les gouvernements centrent frénétiquement leurs efforts sur la lutte contre les changements climatiques, des dizaines d’autres questions fondamentales restent sous silence, ou sont à peine esquissées au détour d’une ou deux affirmations péremptoires. Pourquoi n’est-on plus préoccupé par l’usage des pesticides en agriculture? Par la saturation des sites d’enfouissements? Je me souviens des pluies acides dont on parlait tant dans les années 1990, et à cause desquelles les enfants de mon âge ont dû renoncer, l’hiver, à lécher les glaçons qui pendaient aux toits des maisons. Les spécialistes s’en inquiètent-ils encore? Le sujet est-il simplement passé de mode?

Bien sûr, la question environnementale est complexe, et ne peut être saisie dans son ensemble dans un seul article de journal, ni dans une seule conférence onusienne. Il faut forcément choisir un angle d’approche, un problème concret qui mobilisera le monde. Ainsi va le bal des médias, où des reporters-danseurs frivoles choisissent souvent pour des raisons obscures la question qui fera tourner toutes les têtes pour un temps. Mais vous vous y connaissez mieux que moi, sans doute.

Par un contrecoup bien fortuit, donc, l’opinion publique se plaît présentement à dénoncer l’inaction dans le dossier des changements climatiques et à démoniser Harper, Fukuda et Bush (contre qui il est devenu si agréable d’opposer un point de vue noble et juste). Sur le plan national au Canada, certains groupes d’opposition récupèrent même avec délices le discours écologique à des fins purement rhétoriques, en attaquant par exemple le parti conservateur pour sa cupidité et son manque d’ouverture (sur ce point, je fus d’ailleurs bien surprise de voir Monsieur Dion se montrer aussi mesuré avec son Premier ministre à Bali). Le joufflu John Baird est devenu une cible de choix pour tous les esprits verts (pratiquants ou non) du pays, y compris le Québec, qui saute évidemment sur une autre occasion d’affirmer sa différence et sa haine des gros pétroliers albertains - différence toute idéologique, semble-t-il, puisque des sondages récents ont indiqué que la consommation énergétique des Québécois est supérieure aux autres provinces. Personne ne semble vouloir entendre que les objectifs trop contraignants en matière d’émission de gaz à effet de serre pourraient perturber la compétitivité économique d’un pays (et, par extension, sa capacité à résister à l’hégémonie culturelle et politique des plus forts) et que, dans le contexte de la mondialisation, aucune solution n’est simple. N’est-il pas utopique, vu sa situation géographique et commerciale, de croire que le Canada ne pourrait que tirer des bénéfices d’un virage dramatique de son économie vers une priorisation de l’environnement ?

Vivement un discours social qui reconnaîtrait ce que vous appelez la vraie question : la cause écologique est-elle viable dans le capitalisme? N’oublions pas que le capitalisme à l’américaine d’après 1991 est d’autant plus débridé que la chute de l’URSS avait été le symbole de la disparition de son dernier ennemi potentiel. Durant les décennies d’après guerre, plusieurs analystes avaient cru que ce consortium pourrait opposer à l’Occident le modèle communiste dans la course à la croissance économique. Sur l’échiquier mondial actuel, il se trouve bien sûr quelques mouvements socialistes et communistes satellites (cristallisés, en Amérique latine par exemple, dans ces images télévisées où Hugo Chavez rend visite à Fidel Castro dans sa chambre d’hôpital), mais je vois mal comment ces mouvements pourraient un jour freiner le capitalisme. Même la Chine se voit maintenant décrite par plusieurs comme un « capitalisme communiste ».

Qu’on m’entende bien : je défendrai toujours la protection de l’environnement (et vilipenderai toujours les conservateurs canadiens pour d’autres raisons), mais j’en appelle à l’humilité chez les participants au discours écologique. Avouons tous que la véritable cause du problème nous dépasse, et qu’une solution globale efficace à court et moyen terme impliquerait des changements profonds aux fondements mêmes de notre système économique. Des changements qui ne sont certainement pas tous désirables pour des individus nés dans le monde de la consommation.

Par contre, en attendant une solution plus globale, monsieur Foglia, je m’oppose fermement à votre indifférence quant aux gestes que les individus peuvent poser ici et maintenant pour la défense de l’environnement, souvent appelés les « trois R » : recycler, réduire, réutiliser. Nous vivons tous sur cette planète et personne, même les intellos baby-boomers tels que vous qui n’en verront pas les résultats de leur vivant, personne n’a le droit de se laver les mains de cette question. Tant pis s’il faut que les médias passent par la culpabilisation des individus, nos lois par des interdictions ou nos programmes scolaires par la sensibilisation de leurs enfants pour les amener à ne pas faire réchauffer leur auto pendant une demi-heure et à fermer le robinet pendant qu’ils brossent leurs dents souillées de nourriture génétiquement modifiée.

Allez, un peu d’effort, un peu de vision d’avenir.

Vertement vôtre,

Marquise de Longdoute

mardi 4 décembre 2007

Épître à Hugo Chavez


Celui qui se voyait déjà Roi de l’État
A mordu la poussière et perdu le débat.
Tyran impétueux affamé de combats
Troquant l’habit kaki pour un tutu de soie,
Se résignant ainsi à plier devant ceux
Qu’il voulait justement ne contrôler que mieux.
Votre règne aura eu quelque chose de beau
Quand, souriant, on lira sur votre tombeau :
« Il pensait posséder le Venezuela
Mais tyroniquement, il n’y arriva pas »


Baron de Moulintombant